Relancer la motivation de l’équipe

La mobilisation de l’équipe sur les objectifs à atteindre est par nature fluctuante, sensible à de multiples influences. Comment identifier les signaux lorsqu’ils sont encore faibles et remobiliser l’équipe ?
À retenir : 3 points clés
Parler de l'essoufflement sans accuser
Incriminer le manque de motivation est à éviter. L'équipe peut être découragée, lasse, inquiète, ou tout simplement fatiguée. Pointer la démotivation reviendrait à accuser de manque d'intérêt, d'implication. Or, s'ils existent, ils sont probablement des conséquences plus que des causes.
Faire exprimer les difficultés et découragements
Si l'on veut relancer une dynamique, il est utile de comprendre ce qui la grippe. Amener chacun à formuler ce qui freine, ce qui bloque (sans chercher à se justifier ni à répondre immédiatement), permet de libérer les éventuels griefs et frustrations : une première étape pour chercher ensuite comment faire évoluer la situation.
Donner une première perspective
Un manager n'a pas d'emblée, seul, la solution à tous les problèmes ! Aussi, soulever un dysfonctionnement, entendre les difficultés, n'impose pas d'y répondre sur le champ. Le plus important : prendre réellement en considération ce que remonte l'équipe,  puis proposer une première piste pour avancer. Un premier jalon, simple, réaliste, qui souligne que l'on va agir, même si l'on ne sait pas encore comment.
Je m'entraîne
Votre équipe vous dit : "depuis la nouvelle organisation, on n'avance pas... on a encore plus d’interlocuteurs qu’avant, on ne les connaît pas. Ce n’est plus très motivant". Que faites-vous ?
Vous organisez une journée sportive à l'extérieur de l'entreprise pour créer de la cohésion.
Prématuré. Mieux vaut d'abord comprendre ce qui ne fonctionne plus.
Vous leur expliquez "Aujourd'hui, chacun de nous doit s'adapter à ce qui change. La nouvelle organisation répond à nos exigences de productivité et va nous permettre d'être plus performants, même si c'est un peu déstabilisant au début".
L'explication se veut positive et entraînante mais elle risque d'être perçue comme langue de bois. Rappeler la raison d'être de la nouvelle organisation sera intéressant mais dans un second temps, une fois les dysfonctionnements entendus.
Vous organisez une réunion d'échange sur les conséquences de la nouvelle organisation : "qu'est-ce qui, dans notre nouvel environnement, est le plus démotivant pour vous ?"
Oui. Il conviendra alors de lister, sans censure, les différents points soulevés. Dans un second temps, des explications et pistes d'actions pourront être apportées.
Conseil du coach


Que veut dire "motiver ses collaborateurs" pour un manager ?
3 types d'interventions
Un exemple de questionnement pour repérer les freins à l'engagement dans l'action
Chronique : Que sait-on des motivations ?
L'action de manager consiste en grande partie à faire travailler les autres. Or les "autres" n'ont pas nécessairement "envie" de travailler.
Comme le note le philosophe André Compte-Sponville "cela est compréhensible, car travailler n'a jamais été un plaisir, un bonheur mais une contrainte".
 Pour rappel, l'étymologie du mot "travail" vient de "tripalium" qui était un instrument (de torture ?) pour "mettre sous contrainte". Autant dire qu'à l'origine le travail n'était pas conçu pour faire le bonheur de l'Homme...

Le même philosophe affirme que "ce que tout le monde cherche, ce n'est pas le travail mais le bonheur". Or il y aurait autant de conceptions du bonheur au travail que d'individus (Aristote, Ethique à Nicomaque).
 


 



Les motivations, une biodiversité dans l'écosystème "équipe"

Pierre cherche à sans cesse apprendre. Djamila puise son énergie dans le partage avec des collègues qu'il apprécie. Erwan ne s'implique que lorsqu'il a des solutions à trouver. Virginie, enfin, considère son travail comme un gagne pain qui lui permet de faire vivre sa famille.
Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises motivations mais des motivations en adéquation ou non avec ce que l'entreprise peut apporter.

La diversité des motivations fait la richesse d'une équipe mais aussi la complexité du métier de manager.
Comment entraîner l'équipe dans une direction commune si les motivations de chacun sont si différentes ?

L'objectif est d'identifier finement ce qui met chaque collaborateur en mouvement et de créer des conditions qui répondent à la plupart de ses aspirations : une position dans l'équipe ou vis à vis de l'extérieur, une responsabilité particulière, une nouvelle tâche, un mode de délégation, des perspectives de développement...

Impossible toutefois de satisfaire tous les besoins : il y a alors à observer les baisses de régime, les découragements, les chutes d'enthousiasme et à agir, lorsque cela est possible, sur les freins à la motivation.

Un travail de chaque instant !

Tristan de Fommervault pour le Gymnase du Management
 



 
Alors concrètement ?
3 questions à se poser

 De quoi chacun de mes collaborateurs a-t-il besoin pour être motivé ?
 Que fais-je pour y répondre ?
 Comment m'assurer que chacun trouve dans son travail ce qui est important pour lui ?
Je m'évalue
Voici maintenant 3 questions pour tester vos acquis.
A chaque question une seule bonne réponse mais attention, il y a parmi les réponses possibles, une "presque bonne" qui pourrait vous faire hésiter !
1 / 3   Motivation et augmentations
Des collaborateurs vous lancent régulièrement "comment serait-on motivés alors que l'on n'a pas d'augmentations". Que faites-vous ?
Rien. Ils ont raison et vous n'avez pas d'arguments à leur opposer.
Mieux vaudrait créer un véritable échange sur le sujet.
Vous abordez le sujet en réunion : "je vous entends régulièrement dire que l'absence d'augmentations vous démotive et je voudrais que l'on en parle ouvertement".
Oui, vous allez droit au but et montrez que vous êtes prêts à échanger sur un sujet potentiellement conflictuel.
Vous répondez à la prochaine pique : "n'y-a-t-il que la rémunération qui soit importante pour toi ?".
Réponse défensive qui va mettre de l'huile sur le feu et ne vous avancera guère.
Vous avez identifié le collaborateur qui se plaint le plus et lui dites : "tu sais bien que la situation de l'entreprise ne permet pas les augmentations, pourquoi remets-tu toujours ce sujet sur le tapis ?".
Peu de chances que vous calmiez la tension. Et si les piques viennent de plusieurs collaborateurs, mieux vaut vous adresser à toute l'équipe
2 / 3   Essoufflé !
Alfrédo, un de vos collaborateurs les plus talentueux vous dit : "les projets n'avancent pas, je commence à m'essouffler". Que lui répondez-vous ?
Il ne faut pas généraliser, certains projets avancent.
Vous minimisez le problème, Alfrédo va renchérir.
C'est vrai que l'on n'avance pas aussi vite que prévu mais n'es-tu pas un peu impatient ?
Inutile ! Même si vous avez raison, le problème n'est pas l'impatience d'Alfrédo mais sa démotivation.
As-tu des solutions pour faire avancer les choses plus vite ?
Prématuré, Alfrédo veut d'abord partager son découragement. La recherche de solutions viendra quand il saura que vous êtes avec lui.
Je comprends que le rythme d'avancement te décourage. Sur quoi t'essouffles-tu le plus ?
Vous montrez que le message est reçu et amenez Alfrédo à préciser sa pensée. Vous pourrez alors voir ensemble comment agir.
3 / 3   Plus de visibilité
Louis exprime en réunion d'équipe : "on avance puis on recule et au final, on ne sait plus où on va !". Que faites-vous ?
Vous le rassurez : "oui mais on apprend toujours quelque chose, quoi que l'on fasse. Ce n'est jamais perdu".
Vous minimisez le propos de Louis. Il va devoir redoubler d'efforts pour vous convaincre que ça ne va pas.
Vous remerciez Louis d'exprimer clairement sa perception et demandez à toute l'équipe : "est-ce la perception de chacun d'entre vous ?"
C'est un bon moyen de rebondir sur le S.O.S de Louis. Vous avez besoin de l'avis de toute l'équipe avant de répondre.
Vous le questionnez : "qu'est-ce qui est démotivant pour toi ?"
Poser une question est une bonne idée mais Louis a déjà en partie répondu. Par ailleurs, c'est à toute l'équipe que vous avez à vous adresser.
Vous poursuivez la réunion sans traiter la remarque de Louis. C'est probablement une provocation qu'il vaut mieux ignorer.
Vous donnez l'impression de ne pas vouloir aborder un sujet délicat. Louis et d'autres collaborateurs vont sûrement insister jusqu'à être entendus.
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